L’Édito
Matin.
Les premières lueurs du jour percent le ciel à qui la fin de la nuit avait accordé un peu de clarté. Dans les campagnes, la rosée de la nuit illumine les végétaux ; dans les déserts, le sol glacé se tiédit. Les sommets en voient en premier les préludes tandis que les vallées restent dans la pénombre pour encore quelques instants. Avec les dernières brumes du matin s’évanouissent les rêves et les peurs fantasmagoriques de la nuit. Les créatures laissent place au monde de la raison et des hommes tandis que le ciel nocturne opaque et monochrome se laisse lentement emplir de couleurs.
Soir.
À la frange opposée du ciel, le soleil termine sa course, et le monde s’inverse à nouveau. L’atmosphère s’illumine une dernière fois sous la lumière rasante du couchant. Dans l’obscurité grandissante renaissent et les craintes et l’incertain, et les frontières du réel se brouillent un instant, entre chien et loup, avant de basculer dans la nuit.
Ce numéro de Hiatus prend pour thème « Crépuscules ». Crépuscules au pluriel, car il y a deux crépuscules par jour : un le matin, souvent appelé aube ou aurore, et un le soir. Mais l’idée de crépuscule est riche en métaphores, d’où un second sens à ce pluriel. En effet, l’aube est l’apparition de la lumière, synonyme de joie, de confiance. Elle symbolise la renaissance, est une transition douce vers la lumière, synonyme d’espoir tandis que le crépuscule du soir en est le dual. Il peut être synonyme de fin, mais représente également la transition vers un univers étrange, où les lois du jour ne sont plus, où les créatures fantastiques succèdent à la raison, autorisant avec la pénombre l’irruption d’un imaginaire parfois menaçant. Le crépuscule se situe donc à la limite entre deux univers radicalement différents.
C’est autour de ce thème plein d’ambivalence que s’est construit ce numéro de Hiatus. Les symboles de transition vers la lumière ou vers la pénombre ont inspiré vingt-six contributeurs issus de nombreux établissements de Paris-Saclay. Les œuvres reçues sont d’une grande qualité et d’une grande variété, puisque vous trouverez des nouvelles, dessins et poèmes envoyés par des étudiants. Elles représentent l’essentiel du numéro, et sont regroupées en deux parties. La première s’intitule « Lumière », la seconde « Obscurité », comme pour rappeler les deux antagonistes entre lesquels se niche, dans un équilibre subtil et insaisissable, le crépuscule.
Hiatus n’est pas uniquement un recueil de contributions autour d’un thème, mais comporte également un dossier qui prétend donner des éclairages plus larges sur le thème à travers le monde de l’art et de la culture. Aussi, vous trouverez au milieu de ce numéro six articles traitant d’ouvertures d’opéra, de techniques de peinture, de mythologie ou de cinéma pour donner des ancrages artistiques au thème crépuscules. J’espère que les contributions étudiantes et le dossier sauront vous divertir, vous émerveiller, vous faire réfléchir.
Bonne lecture,
Etienne Parent