Évasion

Numéro 6 – Juin 2015

L’Édito

Couverture de : Évasion

« De la vraie aventure, quoi. »

– Tu trouves pas qu’il y a une drôle d’odeur dans l’air depuis qu’on est arrivés ? Ça sent… le fumier, non ?

– De toute façon, je t’avais dit qu’on aurait jamais dû venir. Il n’y a que du charbon à perte de vue, ici.

– On nous en avait pourtant promis des merveilles, des châteaux, des découvertes, des contrées exotiques, des monstres mythiques…

– Oui ben franchement, je rêvais pas de ça. C’est comme le coup de la Normandie, le charme des maisons en moins. On nous avait vendu un cadre bucolique avec de belles filles franchement pas dégueulasses, et j’ai bien cru mourir d’ennui au final. Je préférais le coup de la cathédrale à Paris, le Moyen-Âge et tout… ça, c’était exotique ! De la vraie aventure, quoi.

– Tu sais, parfois il faut savoir laisser les choses s’installer. Qui sait, au détour d’une des rues de ce gourbi, on trouvera peut-être quelqu’un d’assez intéressant pour nous emporter avec lui.

– C’est quoi ce bruit ? On dirait le vagissement d’un animal prêt à mettre bas.

– La seule chose dont je puisse être sûr, c’est que ça se rapproche dangereusement.

– Ça ne me dit rien qui vaille, ce truc. On dirait bien une manif’ ou un genre de révolte… Je pense qu’on ferait mieux de partir d’ici fissa, si tu veux mon avis.

– Toi qui voulais de l’aventure, il y a pourtant l’air d’y avoir de quoi faire ici, finalement. Allons nous mêler à cette foule ; pour peu que l’on crie assez fort avec eux, il ne devrait rien nous arriver de trop grave, et on pourrait même y apprendre deux ou trois choses au passage.

– Bon mais après on part d’ici, d’accord ? Il y a quand même plein d’autres trucs à voir dans ce magazine… Je suis sûr que ça sera bien plus agréable que de nous écorcher la voix à gueuler des trucs qu’on comprend à peine. On nous parle de tout plein de choses que des gens ont fabriquées dans leurs petits cerveaux et qui créent de beaux souvenirs dans les nôtres.

– Bon, alors partons explorer les pages qui se profilent devant. J’espère seulement que cela se finira bien pour ces mineurs, et ce Lantier dont ils n’arrêtent pas de crier le nom.

– J’espère pour eux que ce sera plus joyeux que notre expérience précédente. Dans mes souvenirs, la dernière fois qu’on a traversé un magazine comme celui-là c’était pas franchement du bonheur rayonnant.

– Ne jurons de rien : on ne sait jamais à quoi s’attendre, avec un Centralien, qui sait – on a déjà vu des pianocktails, des élucubrations, des couleurs et des machines à rêves surgir des esprits…

Baptiste BARREAU
Alexandre LEGAY

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