L’Édito
Le mûrier blanc, arqué et étonnamment proche du sol, semble tendre l’oreille aux murmures des visiteurs du jardin. Néanmoins, la taille de ses cernes rappelle sans nul doute le temps où l’arbre trônait grand et fier, portant alors sa couronne plus haut que la clôture. À cette époque, le vent rapportait au mûrier les nouvelles de par-delà la barrière dont ce dernier était si friand. L’arbre pouvait ainsi s’échapper de son jardin un instant et laissait ses feuilles jouer leur petite chanson sous les doigts habiles du vent. Progressivement, les rumeurs firent place au grondement de la ville qui s’érigeait. Las et insensible au tumulte, le mûrier cacha ses feuilles et s’intéressa aux passants, ses nouveaux messagers.
« Souffle » est le thème de ce nouveau numéro de Hiatus, et renvoie naturellement à tout mouvement d’air. Ce thème s’étend aussi de manière plus profonde, et peut-être plus sensible, au souffle de la vie qui nous traverse ainsi qu’à toutes ces interfaces que nous partageons avec les autres : le souffle est en partie soupir, sifflement, murmure… un moyen de communication avec l’autre de manière quasi inaudible, bien que perçu grâce à une attention particulière. Enfin, ce souffle qui déracine les arbres les plus ancrés et brise les rochers les plus endurcis nous fait également goûter à une incomparable légèreté. Une légèreté qui nous questionne : pourquoi ne pas succomber et suivre sa mesure de temps en temps ? pourquoi ne pas prendre une pause et souffler un moment ?
C’est l’objectif de ce numéro qui a pour coeur une quinzaine de contributions issues d’étudiantes et d’étudiants de l’ensemble du plateau de Saclay. Ces contributions variées et exaltées par le souffle créateur regroupent peintures, dessins, poèmes, nouvelles et bande dessinée. À ces contributions s’ajoutent une affiche et un dossier élaboré afin d’élargir vos horizons artistiques et culturels, ainsi que de stimuler votre propre créativité : il comporte trois articles offrant un aperçu du souffle dans la peinture, dans notre rapport au corps et dans les anciens mythes ; et pour finir, un
guide pour un origami de libellule et un atelier d’écriture.
Dans l’espoir de vous délivrer des soupirs et de vous offrir une bouffée d’air frais,
Julien Rosenberger
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